Des cocktails Molotov contre la bibliothèque

Je l’ai su hier après-midi en voulant entrer dans la médiathèque “Jo Fourn” à Pontanézen, à Brest. Une affichette sur les portes m’annonçait qu’elle était fermée pour cause de travaux. En fait, c’est pour cause de cocktails Molotov. Ils ont été jetés par une fenêtre un peu après minuit. Les pompiers sont intervenus rapidement, mais les dégâts sont conséquents.
Une trentaine de romans enfants ont été brûlés, et tous les autres livres sont abîmés par la suie. La médiathèque est fermée pour au moins 15 jours. Selon la presse locale, l’affaire n’aurait cependant rien à voir avec les violences urbaines. Il n’empêche que jeter des cocktails Molotov sur des livres la nuit dans une bibliothèque, c’est assez stupéfiant. Comment peut-on faire ça ?
Il y a 9 ans déjà, la bibliothèque avait été complètement incendiée au même endroit. Depuis, elle avait été reconstruite, bien sûr. Elle est facile d’accès (sauf en ce moment, en raison de la démolition d’immeubles à proximité). On y trouve un bon choix de livres. Le personnel est compétent et dynamique. Il organise des animations pour les enfants du quartier, et même des expositions de photos. Le personnel est affecté, et on le comprend. Les habitants du quartier, qui ont déjà été pénalisés il y a quelques semaines en raison d’une agression contre un chauffeur de bus, le sont à nouveau.

Comments

[frank bodenes]

Le rayonnement de la bibliothèque et de l'escale vont bien au-delà du quartier. Venant de Lambézellec je fréquente la biblithèque depuis mes 10 ans. Ces derniers temps "live à ponta" a permis d'accueillir des groupes de la nouvelle scène du pays brestois à raison d'un concert par mois ouvert à tous dans le cadre de la médiathèque. C'est donc plus qu'un quartier qui pâtit de ces dégradations. Quant au projet-tramway, avant même que ne soit donné le premier coup de tracto-pelle qui ouvrira la voie il a déjà réussi à ghettoiser un quartier déjà bien en peine auparavant : il faut voir l'état du quartier que certains ont déjà surnommé Beyrouth, tout est défoncé à cause des travaux de démolition des tours et des chantiers de reroutage des canalisations. Certains résidants ne peuvent plus se laver faute de pression d'eau suffisante. D'autres (les mêmes) se voient enfermés chez eux car prévenus au dernier moment de la condamnation de leur sortie habituelle(voir courrier des lecteurs du TG ou de OF). Les gens ne se retrouvent plus, et combien de temps cela va-t-il durer ? Jusqu'à 2012 ?
Réduire la fracture sociale ? Le tramway facteur de croissance et d'enrichissement... pour certains sans doute. De plus souvenons-nous que les brestois avaient massivement rejetté le projet de tramway par référendum en 1990, cette fois-ci nous a-t-on seulement demandé notre avis ?