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Le blog "langue-bretonne.org"
3 novembre 2009

Les langues régionales dans la vie sociale

photoblog_brutdemer58Les 19èmes rencontres interrégionales des langues et cultures ont débuté hier, lundi 2 juin, à Landerneau. Elles réunissent des délégués de la plupart des régions de métropole et d'outre-mer concernées par les questions de langues et de cultures régionales. Ces délégués sont venus notamment d'Alsace, du Pays basque et d'Occitanie, mais aussi de Martinique, de La Réunion et de Guyane. De nombreux délégués bretons sont évidemment présents. En tout, ce sont 50 à 60 personnes qui vont participer à ces rencontres tout au long de la semaine.
Cette manifestation a déjà été organisée en Bretagne à trois reprises. Mais c'est la première fois qu'elle se déroule en Basse-Bretagne, et plus précisément en Finistère : dans la zone traditionnelle de pratique de la langue, il sera d'autant plus question de breton.
Le thème des rencontres 2009 concerne la langue régionale ou territoriale dans la vie sociale. Le constat des organisateurs est que des politiques publiques locales ou régionales concernant les langues ont commencé à se mettre en place dans toutes sortes de domaines : éducation bilingue, signalétique, usage officiel dans les collectivités concernées, médias, etc.… Les langues régionales sont maintenant reconnues par la Constitution : mais il manque un cadre législatif.
Les participants débattent donc des politiques publiques à l'égard des langues régionales ou territoriales ou du dynamisme de la langue dans le secteur des activités culturelles. Il sera également question de l'emploi de ces langues dans la vie publique, dans les médias et dans la vie associative.

Je ne comprends pas cependant qu'aucun éclairage n'ait été fourni aux participants sur l'état actuel de la pratique du breton en Basse-Bretagne, alors que les résultats du nouveau sondage de TMO Régions publiés au printemps dernier ont permis de dresser un état des lieux renouvelé sur l'usage social de la langue et sur les représentations qui lui sont associées. Les délégués des autres régions vont donc rentrer chez eux en sachant tout sur la pratique sociale du gallois, mais sans disposer des données équivalentes sur le breton pour l'ensemble de notre région.

Le gallois : un modèle pour les langues de France ?
photoblog_brutdemer59Les organisateurs avaient en effet invité Meirion Prys Jones, Directeur de l'Office de la langue galloise, à traverser la Manche et à venir prononcer la conférence d'ouverture de ces 19èmes rencontres. Son témoignage a impressionné les participants. M. Prys Jones a signalé d'entrée que la situation du gallois a subi ces dernières années une transformation comme nulle part ailleurs en Europe : le total des galloisants s'élève aujourd'hui à 600 000 pour une population de 3 millions d'habitants au Pays de Galles. Le gallois est toujours une langue vivante alors que la pression de l'anglais est considérable. Mais il a aussitôt récusé le terme de "modèle" : "vous n'êtes pas Gallois, je ne suis pas Breton et nous ne pouvons pas faire systématiquement dans le domaine des langues ce que font les autres."
La situation au Pays de Galles est en effet bien différente. Un tiers des membres du Parlement gallois utilise la langue au quotidien. Alors que la pratique du gallois a décliné de 1961 à 1991, on a assisté à une remontée du nombre de locuteurs en 2001, la croissance la plus forte concernant la tranche d'âges des 5-14 ans : "les gens souhaitent être considérés comme galloisants". Il y a cependant très peu de secteurs géographiques où le taux de locuteurs dépasse les 40 %.
L'enseignement du gallois s'est beaucoup développé au cours de la dernière période : 52 000 élèves sont concernés dans le primaire (soir 20 % de la population scolaire) et 40 000 dans le secondaire. Dans les collèges et lycées, le pourcentage d'élèves avec le gallois comme première langue est passé de 12 à 15 % entre 1995 et 2005. Mais les 2/3 des enfants scolarisés en gallois viennent de familles qui ne sont pas elles-mêmes galloisantes. Le challenge qui se pose dès lors est de savoir si les jeunes vont réellement adopter ce qui est au départ pour eux une langue d'apprentissage comme langue d'échange à l'école et en dehors de l'école : quelle stratégie de la séduction est-il possible de mettre en œuvre de ce point de vue auprès des jeunes ?
Le gallois est cependant confronté à un paradoxe : alors que le nombre de galloisants est à nouveau en augmentation, on observe une réduction des usages de la langue au quotidien. Pour M. Prys Jones, c'est l'un des défis majeurs pour l'avenir. Il faut selon lui :
1.    procéder par petites étapes
2.    changer les comportements
3.    rendre la langue séduisante.
La question a été posée à Meirion Prys Jones de savoir si le gallois est un critère d'embauche dans les entreprises, il répond que le français ou l'anglais le sont, mais pas le gallois. Sauf, bien entendu, dans le secteur de l'éducation.
Quand on lui demande si le gallois est sauvé, il répond fortement "no" ! Mais dit-il, le gallois "n'est plus un ballon de foot politique entre les formations politiques" : il y a un consensus au Pays de Galles en matière de politique linguistique et pour son financement.

Voir également sur ce blog l'album photos de la première journée des rencontres, à Landerneau.

Commentaires
A
Je dirais qu´il faut aux langues minorisées des mesures radicales pour diminuer la pressure des languages importantes du monde.<br /> Au pays de Galles, il y a beaucoup plus de possibilités d´action que dans la Républice Francaise. Alors, créez de zones avec le Gallois comme seule langue officielle dans la vie publique. Puis, il n´y aura pas d´autres choix à chaqu´un qui y vit qu´apprendre et parler le Gallois. Il y a suffisamment de locuteurs dans certains régions galloises pour y installer le monolinguisme officiel. En Bretagne, il manque de locuteurs moins âgés pour y faire la même chose.
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Votre blog est impressionnant autant sur le fond que sur la forme. Chapeau bas !
Un correspondant occitan, février 2020.

Trugarez deoc'h evit ho plog dedennus-kaer. [Merci pour votre blog fort intéressant].
Studier e Roazhon ha kelenner brezhoneg ivez. Miz gouere 2020. [Étudiant à Rennes et enseignant de breton. Juillet 2020].

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