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Le blog "langue-bretonne.org"
9 octobre 2010

TV : une série fiction en breton

La rentrée des émissions en langue bretonne sur France 3 Bretagne a été marquée par un départ (momentané) et l'arrivée de nouvelles têtes à l'antenne. Goulwena an Henaff s'est en effet absentée du petit écran pour cause de maternité. Il a fallu recruter deux nouveaux présentateurs pour la remplacer. C'est Yann-Herle Gourves, déjà connu dans le petit monde de l'audiovisuel de langue bretonne, qui officie dans "Te ha me", avec une petite touche d'innovation : ses interviews de jeunes bretonnants sont maintenant illustrées de quelques images de leur environnement.
Et c'est Patricia Le Grand qui anime l'émission jeunesse "Mouchig-dall" en compagnie de l'imperturbable Riwal Kermarrec. L'émission est toujours diffusée le mercredi matin et coproduite avec beaucoup d'entrain par la société rennaise JPL Films. De nouveaux dessins animés figurent au programme de Mouchig-dall depuis la reprise : sur le monde subaquatique, sur les légumes du potager, mais aussi une production originale sur les comptines bretonnes.

Istoriou_Bzh_282Une histoire de Bretagne qui décoiffe
"Red an amzer" reste le rendez-vous majeur en langue bretonne sur France 3, le dimanche à 11 heures 30. Bernez Rouz a concocté pour quatre mois, c'est-à-dire jusqu'à Noël, un programme tout orienté vers l'histoire. On a déjà pu voir en septembre un double 26' de Mathieu Herry et Roland Michon sur les années 70 en Bretagne, dont l'intérêt était bien évidemment constitué des images d'archives de l'INA.
Mais ce qui est présenté comme l'événement de la rentrée c'est la diffusion à compter de ce week-end d'un feuilleton historique intitulé "Istoriou Breizh" (Histoires de Bretagne). Ce sera, nous dit-on, la série fiction qui décoiffe l'histoire de Bretagne. Il y en aura en tout 10 épisodes, dont la réalisation a été confiée au québécois Luc David, dans le cadre d'une coproduction entre France 3 et Pois Chiche Films.
Dans le dernier numéro de la revue Brud Nevez, Bernez Rouz explique qu'il a fallu recruter 25 comédiens pour mener à bien leBernez_Rous_2 projet, certains ayant déjà tourné pour la télévision, d'autres non. Les rôles principaux sont ceux d'une étudiante en histoire, tenu par Tifenn Linéatte, et de son grand-oncle érudit, joué par Guy Moign. La série explore les mythes et réalités de l'histoire bretonne, et ce, nous dit-on aussi, avec une bonne dose d'humour. Toujours est-il qu'à l'antenne, la diffusion de ce feuilleton va bénéficier d'un décryptage et d'un contrepoint sans doute utile, avec le concours de l'excellent historien bretonnant Louis Elegoet.
Je n'ai pas assisté à l'avant-première qui a eu lieu récemment à Plougastel-Daoulas. Mais "Istoriou Breizh" commence déjà à susciter un peu de buzz sur internet. Frank Bodenes en traite par exemple sur son tout nouveau blog et se pose bien des questions : sur le travail des acteurs et leur diction, sur la genèse du projet : "dialogues conçus en français et traduits en breton, of course…"

Question de survie
L'initiative a bénéficié d'une couverture presse rarissime pour des programmes en breton de la télévision, y compris dans la presse média et… jusque dans la presse canadienne. Même Le Nouvel Observateur en a parlé. On lit donc un peu partout le verdict du producteur de la série, Olivier Roncin : "la survie du breton sera audiovisuelle ou ne sera pas." Ce propos définitif a toute l'apparence d'une évidence. Je ne sais si c'est l'avis d'un expert en audiovisuel ou d'un expert de longue date en langue bretonne. C'est très sympathique en tout cas de la part du PDG d'une société de production installée à Nantes. Mais une fois qu'on a dit ça, qu'est-ce qu'il se passe ? On peut aussi se demander ce qui s'est passé avant. Comment donc l'actuel président de Pois Chiche Films a-t-il pu être si discret sur le sujet à l'époque où son nom figurait aux échelons supérieurs dans l'organigramme de France 3 ?
Je lis aussi dans la presse que, pour le producteur, "le choix des acteurs a davantage été guidé par la justesse du jeu que par la qualité du breton parlé." Curieuse dichotomie. Est-ce pour se prémunir à l'avance de critiques pressenties sur un point sensible, forcément ? On peut se demander s'il n'aurait pas été pertinent de prendre en compte les deux critères simultanément. Il paraît qu'il a fallu également "conseiller" le réalisateur, puisqu'il ne comprenait pas… ce que disaient ses comédiens ! Il a donc travaillé "sur le ton plus que sur les mots" (sic) et c'est un traducteur qui lui indiquait "sur quel mot appuyer pour donner l'émotion et corriger le tir au besoin." Ce n'est pas tout, car d'après le producteur lui-même, les comédiens ont eu bien du mal à se mettre en bouche le texte en breton tel qu'il avait été initialement établi par le préposé à la traduction des dialogues.
Mais n'anticipons pas sur le résultat. Tout ça est à vérifier à la diffusion. Il va falloir le voir pour le savoir. Comment on le dit en breton, "sant Tomaz na gredas nemed pa welas." De la fiction en breton, c'est un véritable enjeu. Ce sera donc dès dimanche, et pendant 9 semaines à suivre. Sur France 3, bien sûr.
Pour en savoir plus :
Le site de Red an amzer sur France 3 : http://ouest.france3.fr/emissions/red-an-amzer-2367205.html
L'interview de Bernez Rouz dans Brud Nevez.
Le blog de Frank Bodénes : http://envazao.over-blog.com/article-istoriou-breizh-autres-temps-en-bretagne-58001766.html

Commentaires
Y
Pour avoir participé à un épisode, je peux dire que nous étions laissés libres d'adapter le texte fourni par le traducteur.Pour moi, ça se passait dans la région et j'étais incapable de dire le texte fourni en breton local, j'ai donc changé pas mal de choses, avec l'accord des producteurs.
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C
Bonjour : effectivement les deux premiers épisodes sont assez navrants en ce qui concerne la fiction; l'aspect documentaire lui, est intéressant et démontre bien qu'on pouvait se passer de la "fiction". Mais certains thèmes eux-mêmes sont aussi contestables : que Napoléon soit né d'un père breton, quelle importance vis-à-vis de l'histoire de la Bretagne ?...
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N
Je suis d´accord avec Yann-Vari et j´ai donc espoir maintenant que la série pourra présenter un intérêt. C´est vrai que Nolwenn Korbell en guest star a complèment écrasé les autres. Je préfèrerais quand même que la partie discussion entre Bernez et l´historien soit plus longue, car elle est toujours très intéressante.Maintenant, j´ai hâte de voir comment on fait naître Napoléon en Bretagne.
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Y
Ce deuxième épisode sur le découvreur des Kerguelen était un peu plus punchy que le précédent. Les enchaînements et les situations restent assez invraisemblables. Mais l'arrivée de Nolwenn Korbell a été un grand moment. Il lui a suffi de quelques secondes et d'une ou deux réparties pour s'imposer à l'armateur et prendre pour de vrai le commandement du bateau. Elle, ça se voit qu'elle a du métier, et ça déménage. Du coup, tous les autres comédiens sont un peu falots. L'armateur tombe à l'eau, c'est un signe.
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Y
Puisque c'était annoncé comme une fiction qui promettait, je me suis précipité aussi pour suivre le premier épisode de Istorioù Breizh. J'ai quand même été déçu. Techniquement, ça semble au point, l'image est plutôt agréable. Il y a même à un moment donné beaucoup de figurants. Mais je n'ai pas compris à quoi rimait ce huis-clos entre l'étudiante et l'érudit. Quand elle s'échappe de la bibliothèque, c'est pour se retrouver avec un fusil sous le nez dans la ferme historique du père Gérard, au beau milieu d'un tournage (un film dans le film en quelque sorte) dont le réalisateur se prend au moins pour Fellini. Tout est invraisemblable dans l'enchaînement des propos et des situations, et dès lors si peu crédible. Heureusement que le metteur en scène est québécois : là-bas personne n'en saura rien, et ici personne n'en rougira.
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Votre blog est impressionnant autant sur le fond que sur la forme. Chapeau bas !
Un correspondant occitan, février 2020.

Trugarez deoc'h evit ho plog dedennus-kaer. [Merci pour votre blog fort intéressant].
Studier e Roazhon ha kelenner brezhoneg ivez. Miz gouere 2020. [Étudiant à Rennes et enseignant de breton. Juillet 2020].

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