Paris et le désert français ?

Cette formule du géographe Jean-François Gravier reste bien connue, 65 ans après la publication de son livre éponyme : la métaphore du désert, qui plus est en France, ne pouvait que marquer les esprits. Ce n’est pas du tout celle qu’on voit apparaître dans le débat du moment autour de la gouvernance de Sciences Po Paris, ce serait même l'inverse. Mais la lecture du Monde ce week-end est tout de même bien intéressante.
Hervé Fradet, qui est lui-même membre du conseil de direction de Sciences Po, se prononce ainsi pour "Une science politique sans parisianisme". Il nous apprend que la vocation de la fondation nationale qui gère l'IEP de Paris, telle qu'elle a été définie par de Gaulle en 1945, est nationale et non pas parisienne. En vertu de quoi, elle attribue généreusement 90 000 € de subvention par an aux IEP de province, soit 0,06 % d'un budget qui s'élève à 147 millions d'euros. Pour l'auteur, là est "le vrai scandale de Sciences Po".
H. Fradet dénonce la concurrence que fait l'IEP de Paris à ceux de province, "au lieu de travailler à mutualiser les ressources, unir les chercheurs parisiens et provinciaux et soutenir le travail admirable des directeurs des IEP de province". Et il se demande "comment une Fondation nationale a-t-elle pu s'enfermer à ce point dans Paris ?"
Le diagnostic est implacable :

• "Pour les affaires de l'esprit, la France a besoin de Paris, mais Paris a besoin de la province, pour ne pas se réduire à une coterie frivole qui, sous couvert de cosmopolitisme, vivote entre voisins d'un même arrondissement."

Mais qui donc va pouvoir changer tout ça ?

Pour en savoir plus :
Hervé Fradet. Une science politique sans parisianisme. Réorientons les budgets vers la province. Le Monde, 20 octobre 2012, p. 15.