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Le blog "langue-bretonne.org"
13 janvier 2013

La nouvelle loi sur l'école et les langues de France

skol Goarem Goz 889

Le Ministère de l’Éducation Nationale a diffusé un projet de loi d’orientation et de programmation pour l’école qui sera discuté en Conseil des Ministres à la fin de ce mois de janvier, avant d’être soumis au Parlement.Il s’agit d’un texte ambitieux qui pose un certain nombre de principes concernant ce que doit être une école de la République rénovée.

Pour l'instant, le projet de loi ne fait absolument aucune référence à l'enseignement des langues régionales. Ce qui a suscité l'étonnement de Diwan en Bretagne, et celui de 17 associations d’enseignants et de parents de l'école publique sur le plan national : elles demandent une vraie place pour les langues de France dans la loi d’orientation pour l’école. Seront-elles écoutées ?

De passage à Brest, jeudi 10 janvier, Vincent Peillon s'en est expliqué sur l'antenne de Hit West. Selon lui, en matière de langues régionales,

  • "c'est la gauche qui a fait toutes les avancées. Nous y sommes favorables. Il n'y a plus de polémique. Nous mettons beaucoup de moyens. Il n'y avait pas de demande particulière de faite. Il y aura un débat parlementaire. Si certains veulent conseiller d'avancer… Le président de la République a pris un engagement : la ratification de la Charte européenne. On verra les conséquences du point de vue de l'éducation. Nous faisons tout ça avec beaucoup de sérénité dans le cadre de la République et dans le respect des uns et des autres." Ces propos sont plus précis que ceux rapportés dans la presse écrite.

Prétendre que les langues de France ne font plus polémique est un peu facile : c'est oublier que tout le monde (l'ancien président de la République lors de la dernière campagne électorale ou quelques académiciens par exemple) n'est pas favorable aux langues régionales. Le ministre laisse par contre la la porte ouverte à d'éventuelles modifications de la loi et ne paraît pas opposé à une initiative parlementaire en ce sens. C'est précisément ce que souhaite les associations qui viennent de lui écrire.

Un signe négatif

La FELCO (Fédération des Enseignants de Langue et Culture d'Oc) a donc pris l’initiative de solliciter des grandes associations œuvrant pour la promotion des langues de France dans l'enseignement public sur cette question. Le courrier qu'elles ont adressé au ministre de l'Éducation nationale est signé notamment par la FLAREP (Fédération pour les Langues Régionales dans l'Enseignement Public), et en Bretagne par Div Yezh (association des parents d'élèves bilingues breton / français de l'enseignement public) et par Gwendal Denis, au nom de la section 73 (Cultures et Langues Régionales) du CNU (Conseil National des Universités). 

Dans ce courrier, elles insistent sur l’importance des langues de France, pas seulement comme élément du patrimoine national reconnu comme tel par la Constitution, mais aussi comme facteur de réussite scolaire et d’ouverture à la diversité culturelle. C’est la raison pour laquelle, écrivent-elles, il est nécessaire de mettre en œuvre une vraie politique de développement de l’enseignement de ces langues à tous les niveaux, notamment à travers les filières bilingues du public.

Les mêmes associations ont également écrit aux députés et aux sénateurs en leur faisant observer que "l'absence de mention des Langues régionales dans la nouvelle loi, si elle n'était pas corrigée par le législateur, serait un signe très négatif. Elle serait comprise à tous les niveaux comme la preuve du désengagement de l'État et du Ministère de l'Éducation nationale". Leur lettre attire l'attention des parlementaires sur 5 points précis sur lesquels il y aurait lieu d'obtenir des modifications du texte du projet de loi.

Extrait de la lettre au Ministre

Monsieur le Ministre,

Les associations et structures signataires souhaitent vous faire part de leurs inquiétudes quant à l’absence de mention des langues régionales dans le projet de loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école, qui a été signalée par la FELCO dans un courrier daté de début décembre adressé aux députés et sénateurs. [Lorsqu'elles avaient été reçues au Ministère], les délégations FELCO et FLAREP avaient compris qu’il ferait une place explicite aux langues régionales, conformément à l’esprit des engagements pris par Monsieur le Président de la République. La surprise a donc été grande devant l’absence totale de références à nos langues dans le projet qui vient d’être rendu public […].

Il est indispensable, au contraire, que cette loi soit l’occasion :

  • de confirmer l’engagement de l’État en faveur de ce « patrimoine de la France » dont il est responsable et qui a été bien malmené par l’histoire
  • de réaffirmer que contribuer à la connaissance et à la transmission des langues régionales est une des missions du service public d’éducation depuis maintenant plus de soixante ans (Loi Deixonne),
  • de relancer par des mesures nationales l’enseignement des langues et cultures régionales,
  • de démontrer à l’opinion française et aux organismes internationaux qui reprochent à notre pays son retard dans la transmission de son patrimoine linguistique que le changement dans ce domaine est bien en cours.

Le rappel par la loi de cette responsabilité, de cet engagement de l’État, de cette mission du Ministère de l’Éducation nationale, doit être un préalable à la répartition des compétences et actions entre l’État et les collectivités territoriales ainsi qu’à leur complémentarité […].

Monsieur le Ministre, nous avons pu noter dans ce projet de loi de nombreuses orientations novatrices auxquelles nous souscrivons mais nous sommes trop attachés à l’enseignement public dont vous avez la responsabilité pour accepter l’absence, régressive et discriminatoire, des langues de France dans un projet qui a pour objectif la refondation de l’école pour les prochaines années.

Nous vous demandons donc solennellement d’intervenir auprès de vos services pour que la référence aux langues de France, dites régionales, soit clairement explicite dans cette loi chaque fois que leur prise en compte « contribue au développement des capacités intellectuelles, linguistiques et culturelles ».

Commentaires
C
Même si une matière n'est pas enseignée à l'école, il reste encore beaucoup de moyen d'apprendre en dehors de l'école. A condition de donner envie et de donner un peu de visibilité au sein de l'école. Le soutien symbolique est donc très important pour donne l'envie de faire vivre ce patrimoine, et ainsi préparer l'apprentissage et l'ouverture aux langues étrangères. <br /> <br /> Plus de détails dans http://blog-bilinguisme.fr/breton-tremplin-anglais/
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Le blog "langue-bretonne.org"
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Votre blog est impressionnant autant sur le fond que sur la forme. Chapeau bas !
Un correspondant occitan, février 2020.

Trugarez deoc'h evit ho plog dedennus-kaer. [Merci pour votre blog fort intéressant].
Studier e Roazhon ha kelenner brezhoneg ivez. Miz gouere 2020. [Étudiant à Rennes et enseignant de breton. Juillet 2020].

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