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Le blog "langue-bretonne.org"
7 février 2015

Le breton chez Larousse : c'est raté

Larousse mini Breton041

1 000 mots pour se débrouiller dans toutes les situations : c’est ce qu’annonce fièrement un mini Larousse qui vient de paraître sous un titre tout aussi accrocheur : Le breton dans votre poche. Le concept est plutôt sympa et la réalisation graphique de bonne facture. Un assez joli petit livre, sous belle couverture cartonnée et pour un prix dérisoire.

La photo de couverture, par contre, fait cliché. Ça encore, ce n'est pas trop grave. Le contenu, c'est pire et c’est raté. Je dirais même plus : c'est tout à fait raté. Pas étonnant que ça fasse du reuz (le buzz en breton) : il n’y a quasiment aucune page sans bourde.

  • Question d'accent (p. 5) : soi-disant les mots commençant par sant, comme Sant Brieg (Saint-Brieuc) prennent eux l’accent sur Sant > je n’ai pas l’impression…
  • Néologie (p. 6) : le terme proposé pour l’e-mail est ar malad > je ne l’avais pas encore rencontré
  • Syntaxe (p. 7) : hir vlev am eus : j’ai les cheveux longs > l’adjectif se place généralement après le substantif ; On devrait donc avoir : blev hir
  • Nuance (p. 8) : lunedigoù, ce sont de petites lunettes, au lieu de lunedou pour lunettes
  • Pur charabia (p. 10) : peseurt teodoù komz out ? déjà signalé par Christian Le Meut dans Le Télégramme : Larousse confond la langue qu'on a dans la bouche et celle qu'on parle (en breton ce ne sont pas des homonymes).
  • Nombres (p. 11) : tri vugale au lieu de tri vugel (trois enfants) : le substantif reste au singulier après le nombre.
  • Articles (p. 13) : confusion entre l'article défini an et l'indéfini eun (ou un), entre l'article indéfini "eun" ou "un" et le nombre "unan"
  • Confusion (p. 13) : Pour traduire "Elle est en congé de maternité", on propose : Ehan mammelezh he deus graet. Ça fait assez bizarre, parce que si on retraduit ce breton en français, cela donne : "Je fais congé de maternité !"
  • Néologie approximative (p. 15) : naturionez > terme non attesté supposé traduire [la] physique, alors que la racine natur laisse entendre qu'il s'agirait de sciences naturelles.
  • Jolie coquille (p. 30) : "kigellerezh" (avec la racine "kig", viande) au lieu de "kizellerezh", sculpture. Ce n'est pas tout à fait la même chose.
  • La totale ou la complèe, comme on voudra (p. 31) : la plupart des exemples de cette page pour dire "j'aime, je n'aime pas" sont fautifs.

C'est fou le nombre d'incongruités, de termes inappropriés, de phrases bancales, de désinences incorrectes, d'erreurs de syntaxe, d'inventions maladroites, de fautes d'accord, de confusions lexicales, de mutations erronées… Les expressions soi-disant indispensables sont plutôt grotesques…

Et je ne parle pas de la forme très particulière de transcription phonétique qui est proposée sous chaque expression bretonne et qui pourrait aisément ridiculiser celui qui tenterait de la reproduire à l’identique. Se débrouiller avec ce breton-là ? Mission impossible.

  • Il y a quand même une exception. Page 73, on découvre l'expression "d'am sonj ez eus eur fazi". Traduction : "Je pense qu'il y a une erreur". En fait, vous l'avez compris : il y en a bien plus d'une. Donc, à ne pas mettre entre toutes les mains.

Tout le monde crierait au scandale si quelque part était édité un manuel de français du même acabit. Il est assez incroyable que Larousse n'ait pas cherché un bretonnant compétent pour écrire ce mini-dictionnaire. On ne manque pas par ailleurs d'enseignants, d'auteurs, d'écrivains ou d'universitaires qui auraient pu donner (ou en l'occurrence refuser) leur imprimatur. Aux dernières nouvelles, l'Office aurait été saisi.

C'est un peu tard, puisque l'ouvrage est en librairie. On verra bien s'il y aura une nouvelle édition et à quoi elle ressemblera. J'espère que dans la même collection le grec ancien, le japonais ou encore le basque sont mieux faits.

Comme je l'ai expliqué dans l'interview que m'a demandée Valentine Boucq pour Tébéo, son seul intérêt pour l'instant est d'être collector. Le reportage est passé dans le journal de 19 h 30 de la chaîne locale jeudi dernier. Mais pour des raisons techniques, il n'est pas possible (momentanément ?) de revoir les journaux en replay depuis le 28 janvier.

Commentaires
Y
@ Jos. E galleg 'oa ar pennad-skrid koulz hag ar flapaj a deue d'e heul. Evit meur a abeg e oa lojik a-walc'h ha distropoc'h derc'hel da ober gant ar yezh-se. Diegi 'm bez da dreiñ e galleg ar pezh a skrivan e brezhoneg : ur c'holl amzer n'eo ken, muioc'h a-se pa oar an den ne vo ket lennet al lodenn vrezhonek gant ar re na gomprenint ket anezhi. Setu aze perak 'm eus kaz deus al levrioù « divyezhek » ivez... Bez' emañ ar wirionez ganeoc'h avat : ganin-me e oa bet embannet em c'hemenadenn gentañ, prop' 'vefe deoc'h en anzav !
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Y
Vous avez adouci vos premiers propos, qui sont ceux que l'on entendait naguère dans la bouche de Chevènement ou Sarre, actuellement dans celle de Mélanchon. Ni plus ni moins.Pour la modération, on repassera.<br /> <br /> Je pense, à vous lire, que nous devons, à peu de choses près, pratiquer le même breton. Cette distinction entre breton populaire-véritable - roazhoneg-kimiek est en l'occurrence totalement artificielle. Il ne s'agit que de niveaux différents d'une même langue. Lorsque je parlerai à mes parents ou à leurs amis, au bistrot de mon village, je n'utiliserai pas le breton utilisé dans cette nouvelle de R. Huon dont la lecture m'a pourtant procuré un grand plaisir... (syntaxe influencée par celle du français, utilisation de "o" au lieu de "en ur", ...), pas davantage que le corpus scientifique de l'OPB. <br /> <br /> Mais il serait dommage, et préjudiciable, de ne pas s'ouvrir à la modernité sous prétexte de ne pas vouloir trahir la langue de ses pères : cette dernière doit servir de référence, mais il faut l'enrichir de nouveaux termes afin de la faire évoluer. Toutes les langues modernes ont suivi ce chemin. <br /> <br /> Et je crois en l'avenir du breton : à peine quelques milliers de personnes peuvent servir à la revitaliser : prenez encore l'exemple de l'hébreu moderne, créé à partir d'une langue morte : nous avons l'immense chance que notre langue soit encore une langue vivante, contrairement à celle de l'Etat juif actuel à sa création. Mais il faut nous serrer les coudes, et vous ne le faites pas !!! En bon celte, vous vous complaisez à vous chamailler avec d'autres brittophones alors que, selon vous, il y a le "tan 'b an ti" ! Quel paradoxe ! <br /> <br /> Vous raillez par ailleurs mon aspect "parisien". Outre le fait qu'il n'est que transitoire, la fréquentation d'autres communautés, plus soudées que celle des bretons-bretonnants, m'aura fait prendre conscience de pas mal de réalités et du fait que c'est bien souvent les bretonnants (comme vous ?) qui creusent la tombe de leur propre langue. <br /> <br /> Conclusion : une langue populaire encore vigoureuse et parlée comme base, sel indispensable de la langue + une adaptation nécessaire aux réalités modernes = clé du succès. Sous condition d'une solidarité sans faille entre nous.<br /> <br /> De toute manière, la langue bretonne ne sera plus jamais la même qu'avant : elle subit immanquablement, chez les jeunes, l'influence de la langue française (accent, syntaxe...). Elle est déjà, comme toute langue, amenée à évoluer (voir l'hébreu). <br /> <br /> Mais plutôt que "diksionaer", j'utiliserai moi (du moins à l'écrit) "geriadur", tout comme Jules Gros fustigeait déjà l'emploi de "(a)bominapl" au lieu de "kenañ", l'abominable en question étant désormais souvent surutilisé par nos supposés gardiens de la flamme traditionnelle comme l'oripeau d'un certain breton populaire... paradoxe (et ignorance !) quand tu nous tiens !
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J
Setu penaos emañ kont gant ar brezhoneg hiriv : brezhonegerien, war blog ur brezhoneger, oc'h en em chikanañ diwar-benn a pezh a vo ar brezhoneg er bloavezhioù da zont... e galleg ! Peadra a zo dreiñ nay, pa soñjer un tamm !!!<br /> <br /> (Voilà le présent de la langue bretonne : des bretonnants, sur le blog d'un bretonnant, qui se chamaillent au sujet du devenir du breton... en français ! Quand on y pense, c'est assez délirant !!!)
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T
Yves, merci à vous mais vos propos manquent de modération. De l'intérieur on peut avoir une vision qui est tout sauf complaisante, breton je le suis, et libre à vous de donner des bons et des mauvais points de brittophilie et d'inventer votre propre modernité pour la langue de nos ancêtres... qui est par-ailleurs aussi celle de mes enfants comme elle est celle de celui ou celle qui la pratique sans que personne ne puisse légitimement s'arroger une patente ou paternité de bon aloi. Vous aussi vous semblez savoir tout mieux que d'autres sur le breton, et vous le voyez de la capitale française mar plij. Ne peut-on donc pas être de notre temps si l'on pratique une langue inspirée de celle de tad koz et mamm goz ? Ces deux mots font frémir beaucoup dans les milieux bien pensants du breton emsaveg, et il n'est pas rare d'essuyer des rires et des moqueries quand on s'exprime avec un accent marqué Léon, Cornouailles, Vannetais. Trist eo !<br /> <br /> <br /> <br /> Force est de constater simplement vu d'ici qu'à l'heure où le nombre de locuteurs décline dramatiquement certains dansent autour du brasier en pensant physique, en bon breton chimique evel just. A l'heure où des horreurs et aberrations linguistiques sont publiées et entendues aussi... d'ailleurs Larousse n'est pas financée par le contribuable mais d'autres le sont qui dézinguent la langue sans que personne n'y trouve à redire. <br /> <br /> <br /> <br /> Diversité ? Chacun prend son plaisir où il le trouve. J'ai plaisir à parler avec des anciens comme avec des jeunes qui savent où aller puiser... un breton de basse-cour bien entendu... rien à envier en cela avec les tenants du symbole, merci pour vos leçons d'anti jacobinisme primaire.<br /> <br /> <br /> <br /> Lisez donc "Tan ba'n ti, péril en la demeure" de Yanig Baron et JC Le Ruyet, vous y trouverez des chiffres à faire froid dans le dos. Pour faire vite je cite un blog sur les langues minorisées qui s'y intéresse, une vision froide et lucide, à mille lieux de l'angélisme de certains pontes. "Les 14.676 élèves scolarisés dans les trois DI ne représentent que 5 % des effectifs globaux, les 95 % restant n’ayant aucun contact avec la langue, ou au mieux une lointaine teinture ne leur en permettant pas la maîtrise et pas même une bonne compréhension". Et je rajouterai en écho de ce blog : quel plaisir ensuite de parler une langue à la syntaxe appauvrie et calquée sur le français ? On a voulu améliorer l'existant un tirant un trait sur les parlers ancestraux, et l'existant actuel n'a rien de sexy. On a le droit de rêver mieux et chacun s'y attelle comme y peut, ou ne fait rien. Je ne sais ce que vous faîtes Yves. J'agis, contrairement à la case "kollet" ou vous voulez m'enfermer sans me connaître. Ken a veho ken ar c'henta.
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Y
@Tim. Résidant en région parisienne, je suis abonné à un journal en breton du nom de Ya!. Y sont régulièrement publiés des articles de vulgarisation scientifique que j'ai plaisir à lire et qui font appel à un vocabulaire spécialisé bien souvent ignoré du breton qu'utilise mes parents. Il s'agit des seuls articles sur cette matière que j'ai l'occasion de lire, car cela me suffit et je n'ai nulle envie de m'abonner à, par exemple, Science et Vie, que je n'aurais de toute manière pas le temps de lire. Vous avez donc une réponse, partielle j'en conviens, concernant le "pour qui" ou "pour quoi". <br /> <br /> Je ressens par ailleurs beaucoup de frustration et d'agressivité dans vos écrits. En quoi cela vous gène ? Le breton est, depuis longtemps, une langue qui est sortie du champs et de la ferme dans lesquelles elle était cantonnée. Quant au fait que nous ne sommes pas nombreux à la pratiquer, nous serons en tout cas les seuls, lorsque la génération précédente ne sera plus. Nous serons quoiqu'il en soit plusieurs milliers de britophones, passionnés, voulant transmettre notre langue à nos enfants. <br /> <br /> D'après vous, à la fin de la seconde guerre mondiale, combien de locuteurs d'hébreu y avait-il ? Vous savez, cette langue totalement et artificiellement recréée à partir d'une langue liturgique qui n'était plus pratiquée en dehors des synagogues. Alors vous savez, vos "pour qui" ou "pour quoi"... Vous êtes en tout cas un bien piètre breton, à mon sens : vous devriez être fier que la dernière langue celtique continentale ait encore un avenir possible. Au lieu de cela, vous vous complaisez dans une attitude rétrograde et digne des pires tenants de la jacobinerie française, très made in 1789, tendance franc-maçonnerie laïcarde : j'ai un peu honte pour vous, en fait. Et en plus, vous parlez breton ! Vous êtes vieux, mon vieux ! Même mon grand-père, né au début du 20ème siècle, socialiste bretonnant bon teint, avait, sur sa langue maternelle, un discours plus évolué que le vôtre. Sinon, diversité, multiculturalité, plurilinguisme, ça vous parle peut-être, ça sonne plus "républicano-compatible" à vos oreilles. Aïe, aïe, aïe.... ça sent le rance chez vous !
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Le blog "langue-bretonne.org"
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Votre blog est impressionnant autant sur le fond que sur la forme. Chapeau bas !
Un correspondant occitan, février 2020.

Trugarez deoc'h evit ho plog dedennus-kaer. [Merci pour votre blog fort intéressant].
Studier e Roazhon ha kelenner brezhoneg ivez. Miz gouere 2020. [Étudiant à Rennes et enseignant de breton. Juillet 2020].

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